Lutte contre le dopage : De la nécessité d’instituer des contrôles en vue de garantir l’éthique sportive et la santé des lutteurs
M. Issoufou Alio, secrétaire permanent de l’Organisation Régionale Antidopage Afrique zones II et III.
Le dopage, phénomène qui gangrène le sport moderne, se définit comme l’utilisation de substances ou de méthodes interdites visant à améliorer artificiellement les performances physiques des athlètes. Ce fléau touche de nombreuses disciplines sportives, y compris les sports traditionnels comme la lutte traditionnelle du Niger. Au-delà de l’atteinte à l’éthique sportive, le dopage entraîne des conséquences graves sur la santé des sportifs et sur leur carrière. Pour mieux comprendre les efforts déployés pour lutter contre ce mal, nous avons recueilli les propos de M. Issoufou Alio, secrétaire permanent de l’Organisation Régionale Antidopage Afrique zones II et III.
La lutte traditionnelle est une discipline phare au Niger, incarnant des valeurs culturelles et sportives profondes. Cependant, à l’instar d’autres sports, elle n’est pas épargnée par les risques de dopage. Lors de cette 45ème édition du Sabre National, M. Issoufou Alio a supervisé un programme de sensibilisation visant à informer les lutteurs, les encadreurs et le grand public sur les dangers du dopage. Cette initiative, mise en place depuis quatre éditions, vise à prévenir l’adoption de pratiques dopantes en insistant sur leurs effets néfastes sur la santé et la carrière des sportifs.
M. Issoufou souligne que si la sensibilisation est essentielle, elle reste insuffisante sans la mise en place de contrôles antidopage. « Jusqu’à présent, aucun contrôle n’a été réalisé lors des compétitions de lutte traditionnelle au Niger, en raison des contraintes matérielles et financières, et on ne peut pas parler de cas trouvé sans effectuer des contrôles », a-t-il dit. Pourtant, comme le rappelle ce spécialiste, ces contrôles sont indispensables pour déceler et dissuader les comportements dopants.
Le dopage ne se limite pas à l’amélioration des performances. Ses conséquences sur la santé sont graves et peuvent inclure des problèmes cardiaques, hépatiques, et hormonaux, ainsi qu’une dépendance psychologique. Sur le plan éthique, il trahit les valeurs de l’équité sportive et détruit l’intégrité des compétitions. En outre, les athlètes pris en flagrant délit s’exposent à des sanctions disciplinaires qui peuvent marquer la fin de leur carrière. M. Issoufou Alio insiste sur l’importance d’un encadrement rigoureux pour prévenir ces dérives. Selon lui, être sportif ne se limite pas seulement aux entraînements physiques. Les entraîneurs et dirigeants doivent également s’assurer que les athlètes reçoivent une information précise et complète sur les substances interdites et leurs effets.
Lors des prochaines éditions du Sabre National, M. Issoufou plaide pour la mise en place d’un programme antidopage complet, comprenant sensibilisation, éducation et contrôles effectifs. Il préconise quelques prélèvements ciblés, effectués à la fin des combats ou pendant les entraînements, pour détecter d’éventuelles infractions. Bien que le coût de ces tests soit élevé, environ 300.000 francs CFA par contrôle en compétition, ils sont essentiels pour garantir l’intégrité de la discipline.
Une stratégie envisageable consisterait à sélectionner un pourcentage d’échantillons ou cibler des lutteurs aux comportements suspects. Ces mesures dissuasives contribueraient à réduire les cas de dopage tout en sensibilisant les athlètes sur leur responsabilité individuelle. « Le standard international sur le contrôle et l’enquête sont indispensables. Le sportif est le seul responsable de ce qu’on retrouve dans son corps. Les entraîneurs et les dirigeants ont cette lourde tâche de fournir la bonne information aux sportifs. Il faudrait que chacun s’assume », a-t-il conclu.
Le combat contre le dopage dans la lutte traditionnelle au Niger n’en est qu’à ses débuts. Bien que des progrès aient été réalisés en matière de sensibilisation, l’absence de contrôles effectifs limite l’impact des efforts entrepris. L’engagement de M. Issoufou Alio et de son organisation offre une lueur d’espoir pour l’avenir de ce sport. Avec des ressources suffisantes et une volonté affirmée, il est possible de préserver l’équité et l’intégrité de la lutte traditionnelle, tout en protégeant la santé et la carrière des lutteurs. La lutte contre le dopage doit rester une priorité, non seulement pour sauvegarder les valeurs sportives, mais aussi pour garantir un avenir éthique et durable à cette discipline emblématique du Niger.
Assad Hamadou (ONEP), Envoyé Spécial