La diffusion illicite des matches de foot sur internet et sur les sites de diffusion en direct provoque des millions d’euros de pertes pour le secteur sportif. C’est autant d’argent qui n’ira pas aux clubs, aux fédérations et au sport amateur,

Le manque à gagner dû à la diffusion illicite de matches est estimé à 290 millions d’euros par an pour le secteur du sport. « Ce montant représente 15% du marché de la diffusion des contenus sportifs et pèse sur l’ensemble du secteur, les clubs, les fédérations (…) et le sport amateur », a détaillé Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, lors d’une conférence à Paris. Ce à quoi s’ajoutent les recettes sociales et fiscales pour l’État, qui représentent au total 420 millions d’euros par an, selon l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel.

Certes, le piratage baisse globalement, notamment grâce aux blocages de sites de diffusion en direct et plus de 7 000 noms de domaines illégaux ont été bloqués en 2022. Mais les chiffres sont moins encourageants s’agissant des visionnages de matches sur Internet via des boîtiers connectés. Ces dispositifs permettent d’avoir accès à un bouquet de chaînes moyennant un abonnement bien moins élevé que l’offre légale. Cette tendance progresse, et les pirates ont toujours une longueur d’avance sur le régulateur.  « On en a bloqué plus de 1 600 depuis le début 2024, mais la question est de savoir si cela sera suffisant », s’est interrogée la responsable, évoquant un « enjeu majeur ».

« Un phénomène d’ampleur inédite »

À ses côtés, Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, filiale commerciale de la Ligue de football professionnel, s’est montré très alarmiste. « Depuis le début de la saison 2024-2025, nous faisons face à un phénomène d’ampleur inédite », a-t-il déclaré, citant une étude d’Ipsos selon laquelle 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Selon cette enquête, 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG fin octobre ont eu recours à des sources illégales.

Benjamin Morel a également tenté de contrer l’argument selon lequel l’offre légale du principal diffuseur de la Ligue 1 DAZN, controversée en raison de son coût initial élevé, depuis revu à la baisse, aurait pu créer un appel d’air. « Les tarifs ne peuvent en rien justifier le piratage, qui est du vol », a-t-il affirmé, expliquant le succès des boîtiers par son offre « tout compris », alors que l’offre légale de diffusion des championnats européens est répartie entre plusieurs diffuseurs. « Le risque avec l’IPTV [illégale] est qu’elle se substitue à l’ensemble des plateformes et chaînes existantes », a estimé Benjamin Morel.

By Ibrahim