À Abalak, un soldat en uniforme, une kalachnikov, et 5,75 kg de cannabis : l’affaire Garba secoue la Garde Nationale du Niger et révèle les failles d’un système sous tension.
Niamey, 22 septembre 2025 – Imaginez un bus poussiéreux filant vers les dunes d’Agadez, chargé de rêves de commerce et de survie sahélienne. À l’intérieur, un passager en tenue militaire, kalachnikov à l’épaule, semble ordinaire. Une fouille de routine à Abalak transforme cette banalité en scandale : Abdoul-Razak Garba, agent de la Garde Nationale du Niger (GNN), se retrouve menotté avec 5,75 kilos de cannabis. Dès lors, une question se pose : qui protège qui quand les gardiens deviennent des ombres ?
Une arrestation qui fait vaciller la confiance
Sur la route mythique vers Agadez, l’antenne locale de l’OCRTIS agit sans trembler. Les agents stoppent un car de la STM, en provenance de Dosso. Parmi les voyageurs, ce jeune homme de 30 ans, originaire de Niamey et basé au peloton de Doutchi, éveille les soupçons. La fouille révèle cinq boules et demie de cannabis, soigneusement emballées, totalisant 5,75 kilos. De plus, l’homme, en congé selon ses dires, porte fièrement son uniforme GNN et une AK47 chargée de 30 munitions. Sans autorisation de port d’arme ni carte professionnelle, il avoue froidement : « Acheté à Dosso, pour revendre à Agadez. »
Quand l’uniforme trahit la Nation
Ce n’est pas une simple affaire de rue, mais un coup de poignard dans le dos des forces de l’ordre nigériennes. Garba, originaire de Hamsatou, incarnait la confiance publique. Il pave la voie à un poison qui ronge la jeunesse : le cannabis, porte d’entrée vers des addictions plus dures. Interpellé sur-le-champ, il attend son sort devant la justice et risque plusieurs années de prison ferme.
L’OCRTIS intensifie la lutte contre le trafic
Cette saisie fait partie d’une série d’opérations musclées. À Konni, fin août, 31 kg de cannabis et des milliers de pilules sont saisis. À Gaya, 15 kg de « briques » vertes et 30 000 comprimés sont confisqués. De plus, à Agadez, en février, près de 45 kg sont présentés aux autorités. Le Niger, carrefour stratégique, n’est plus un eldorado pour les passeurs : les arrestations s’accumulent, et l’OCRTIS affiche un bilan respecté.
Un fléau qui gangrène l’économie et la sécurité
Au-delà du buzz sécuritaire, cette affaire alerte sur les dérives du quotidien nigérien. Le trafic de drogue vole des futurs, alimente une économie souterraine et finance parfois des groupes armés. Garba, avec son arme et son uniforme, incarne le risque ultime : quand un protecteur devient prédateur, la confiance publique s’effondre. Les sources sécuritaires promettent une enquête sans complaisance – voire des purges internes à la GNN.
Vigilance et responsabilité citoyenne
Alors que les vents de l’Harmattan annoncent l’hiver saharien, cette affaire rappelle que la vigilance n’a pas de pause. Elle soulève une question cruciale : si même les forces de l’ordre peuvent être corrompues, quelles sont les failles du système ? L’OCRTIS appelle à la délation citoyenne. Dans les bus de ligne et sur les pistes poussiéreuses, les yeux sont plus que jamais grands ouverts.