Dosso, 28 février 2025 – Lorsque la nuit enveloppe les plaines de Dosso, elle devrait apporter des promesses de repos aux villages de Tourmouzawa et Makani. Pourtant, les nuits des 22, 23 et 24-25 février 2025 ont été marquées par la violence et le deuil. Des hommes armés, tels des spectres d’un cauchemar, ont attaqué ces paisibles hameaux, emportant au moins seize vies.

Leurs mains impitoyables ont aussi incendié maisons, boutiques et greniers, réduisant en cendres le travail de nombreuses familles. Face à cette tragédie, le gouverneur de la région, le général Ibrahima Mamane Ibrahima, a foulé les ruines fumantes pour appeler à la retenue et à la paix, afin d’éviter une escalade de la violence qui menacerait de tout engloutir.

Une furie dans le silence de Dosso

L’horreur a frappé sans avertir. À Tourmouzawa, puis à Makani, les assaillants, roulant sur des motos vrombissantes, ont surgi dans la nuit, tirant sans distinction. Seize vies, hommes, femmes, enfants, ont été fauchées, leurs corps abandonnés parmi les décombres. Les flammes ont dévoré tout ce qui restait : maisons réduites à des carcasses noircies, échoppes dépouillées de leurs biens et greniers anéantis. Ce tableau de désolation résonne comme une alarme dans cette région du sud-ouest nigérien.

Jusqu’à présent, Dosso avait été épargnée des turbulences qui dévastent le nord du pays, où des groupes jihadistes comme JNIM ou l’État islamique au Sahel sèment la terreur. Mais ces récentes attaques, à proximité de la frontière nigériane, soulèvent des craintes de contagion. Les bandits armés, souvent alliés à des factions extrémistes, exploitent la vulnérabilité de la région pour frapper là où la vigilance est altérée.

Un appel au sursaut à Dosso

Le général Ibrahima, présent sur les lieux, n’a pas tenté de camoufler la réalité. Au milieu des cendres, il a exhorté les villageois, encore sous le choc, à « faire preuve de maturité » pour éviter une spirale de vengeance. « Une escalade est en cours », a-t-il averti. Ses mots résonnent comme un plaidoyer : ne pas permettre à la colère d’engendrer une guerre intestine qui achèverait ce que les assaillants ont commencé.

Cette mise en garde est cruciale. Dans un pays où les tensions communautaires et les rivalités pour les ressources sont omniprésentes, chaque attaque peut allumer la mèche d’un conflit. Les habitants de Dosso, jusqu’à présent épargnés, peuvent eux aussi être entraînés dans ce cycle de violence.

Les attaques de Tourmouzawa et Makani compliquent la vie locale.Une lueur dans la brume

Au-delà des pertes humaines et des destructions matérielles, c’est l’âme de Dosso qui est en péril. Ces villages, tissés de solidarités millénaires, sont des refuges, des mémoires, des vies qui se mêlent. Bien que les flammes aient consumé des maisons, elles n’ont pas éteint la ténacité des habitants, qui, depuis des générations, surmontent les épreuves.

Alors que le soleil se lève sur Tourmouzawa et Makani, un silence lourd suit les cris. Les survivants, les yeux rougis, ramassent les débris, cherchant ce qui restait. Le gouverneur est reparti, et avec lui, une réalité amère : si la paix est fragile, c’est sur le terreau des cœurs meurtris qu’elle peut renaître.

By Ibrahim