En 2021, les biomédicaments représentaient 400 milliards d’euros, soit environ 33% du marché pharmaceutique mondial et un médicament sur deux en développement est un biomédicament. En France, bien que la filière se développe et soit accompagnée d’investissements, l’industrie manque de main d’œuvre. La France dépend encore beaucoup de ses importations puisque 95% des biomédicaments vendus sont importés. Pour susciter de nouvelles vocations, la filière essaie de se montrer attractive.
Un biomédicament, c’est un médicament dont la substance active est produite à partir d’une source biologique, à partir du vivant, comme des cellules de mammifères, au contraire des médicaments de synthèse dont le principe actif est produit en laboratoire. Les biomédicaments permettent des avancées médicales, ce qui attire certains étudiants vers ce secteur. C’est le cas de Lucas Le Hercy. À 28 ans, il est en formation à l’IMT d’Évry-Courcouronnes en région parisienne afin de devenir technicien dans le domaine des biomédicaments. « Les thérapies géniques, qui sont en train de se développer très rapidement, offrent de nouvelles pistes pour soigner des maladies qu’on ne pouvait pas soigner jusque-là, les maladies orphelines et maladies rares, explique l’étudiant, mais aussi pour soigner de nouvelles façons des maladies qui sont déjà présentes, comme le cancer », précise-t-il. Dans ce champ, en tant que technicien, il peut travailler « tout le long de la chaîne de production, pour s’assurer de A à Z que le produit est fabriqué », par exemple.
De nombreuses opportunités professionnelles
Selon le lobby du médicament Leem, plus de 10 000 postes seront à pourvoir d’ici à 2030 dans les biotechnologies. Lucas Le Hercy est en alternance, ce qui lui permet d’avoir déjà un pied dans le monde du travail. « Il y a de la place pour des ingénieurs, pour faire de la recherche ou pour faire les procédés, et il y a aussi de la place pour des techniciens, des opérateurs », constate-t-il. Toutes ces opportunités d’emploi le rassurent pour son avenir.
Les besoins croissants dans le domaine du biomédicaments nécessitent de recruter dès à présent. « Il y a un besoin inhérent et un manque cruel de personnes dans ce domaine, il y a un manque de bras opérationnels, de cerveaux aussi, d’innovation, déplore Christophe Lanneau, directeur de Genopole, un groupement de laboratoires, entreprises et centres de recherches. C’est un besoin qui est non pourvu pour le moment. Mais c’est aussi difficile de trouver des personnes qui sont intéressées par ce domaine, parce que c’est un domaine assez particulier. »
Le secteur éducatif en manque de formation
Le domaine des biomédicaments est en pleine croissance, avec des technologies qui évoluent rapidement, ce qui peut être difficile à suivre pour les professeurs. « Dans le cadre du plan « France 2030 », les BTS ont été réformés et donc on doit enseigner de nouvelles matières avec nos formations initiales, explique Laure Garnier-Legrand, enseignante de biotechnologies au lycée Galilée de Gennevilliers. En tant que professeure, ces matières n’existaient pas et on n’a pas forcément tout le temps les compétences. » C’est pourquoi certains professeurs souhaitent renforcer les liens entre les professionnels et les écoles. « J’ai vu aujourd’hui des équipements que je ne connaissais même pas, confie Laure Garnier-Legrand qui s’est inscrite pour une visite de Genopole. Forcément, si je ne vois pas ces machines, si je ne sais pas comment elles fonctionnent, je ne peux pas transmettre ce savoir à mes étudiants. Il faut qu’on ait du temps pour enseigner et puis, après, il faut qu’on ait du temps aussi pour se former, pour enseigner mieux à nos élèves. »
La France est le 4ᵉ pays producteur de biomédicaments en Europe avec 131 entreprises opérant dans ce domaine.