Ce jeudi 3 avril 2025, la capitale russe s’est transformée en un carrefour diplomatique d’une rare intensité, accueillant une réunion d’envergure entre le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et ses homologues du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Cet événement, inscrit dans le cadre de l’« Alliance Russie-Sahel », marque une étape décisive dans les relations entre Moscou et ces nations sahéliennes, unies sous la bannière de l’Alliance des États du Sahel (AES). Sous les ors du ministère des Affaires étrangères, Lavrov a présidé cette première session de consultations avec une assurance maîtrisée, soulignant la vitalité d’un partenariat appelé à redessiner les équilibres géopolitiques de la région.
Lavrov mise sur l’alliance Russie-Sahel pour redessiner la géopolitique africaine
Dès l’ouverture des discussions, le chef de la diplomatie russe a mis en exergue la dynamique ascendante de l’Alliance du Sahel. « L’élan de cette union ouvre des horizons prometteurs pour une coopération renforcée avec Moscou », a-t-il déclaré, son ton empreint d’une conviction qui reflète les ambitions du Kremlin. Les ministres malien, burkinabè et nigérien, conviés à ces échanges à l’initiative de la Russie, ont incarné la détermination de leurs pays à s’affranchir des schémas traditionnels pour tisser de nouveaux liens. Cette visite de deux jours s’accompagne d’un programme dense : participation à l’exposition « Feat is Immortal », célébrant les exploits historiques, et échanges sur les opportunités économiques et sécuritaires.
Une rupture stratégique : le Sahel tourne le dos aux anciennes alliances et laisse la porte ouverte à Moscou
Cette rencontre s’inscrit dans un cadre aux enjeux majeurs. L’Alliance des États du Sahel, née en 2024, s’est forgée dans un désir ardent de souveraineté face aux influences occidentales, jugées défaillantes dans la lutte contre l’insécurité jihadiste. Émancipés de la CEDEAO, le Mali, le Burkina Faso et le Niger se tournent vers Moscou, dont l’expertise militaire et les ressources économiques sont perçues comme des leviers précieux. Lavrov a salué cette réorientation, y voyant une « convergence d’intérêts » propice à renforcer la présence russe en Afrique.
Des négociations à huis clos pour une coopération multisectorielle
Les discussions, en grande partie à huis clos, ont porté sur des axes concrets : renforcement des capacités militaires, investissements dans les infrastructures et exploitation des ressources naturelles. Des sources évoquent un projet d’accord-cadre pour formaliser cette coopération multisectorielle. La Russie, déjà active dans la région via des partenariats sécuritaires, semble prête à franchir un cap, offrant une alternative aux puissances traditionnelles. Les ministres sahéliens ont réaffirmé leur volonté de diversifier leurs alliances, alliant pragmatisme et ambition.
Entre gravité et optimisme : la Russie et le Sahel bâtissent un nouvel horizon
L’atmosphère de cette rencontre, partiellement retransmise par les médias russes, a oscillé entre gravité et optimisme. Les poignées de main échangées sous les objectifs des caméras, les regards entre Lavrov et ses invités, soulignaient l’importance de l’instant. À l’extérieur, la neige printanière de Moscou contrastait avec la chaleur des enjeux débattus, rappelant la singularité de cette alliance naissante entre un géant eurasiatique et des nations sahéliennes en quête de renouveau.