Niamey, carrefour du dialogue sahélien : Tiani et Simão face aux défis de la région
Niamey, 20 mai 2025 – Dans l’enceinte du Palais présidentiel, le général d’armée Abdourahamane Tiani, président du Niger, a reçu Leonardo Santos Simão, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Cette rencontre, au-delà d’une simple formalité diplomatique, a porté sur les défis du Sahel : insécurité croissante, fragilités économiques et gouvernance inclusive. Alors que le Niger émerge comme un pivot de l’Alliance des États du Sahel (AES), ce dialogue met en exergue l’interaction entre souveraineté nationale et coopération internationale pour faire face aux périls régionaux.
Le Sahel à la croisée des chemins : l’appel à l’action concertée de l’ONU
Entouré de membres clés de son gouvernement, dont le ministre des Affaires étrangères Bakary Yaou Sangaré, Tiani a échangé avec son hôte sur les aspects variés de la crise sahélienne. Simão, fort de son expérience depuis juin 2023, a souligné l’urgence d’une action concertée. « Nous avons exprimé notre solidarité et mobilisé des efforts pour aider le Niger à lutter contre le terrorisme », a-t-il déclaré, mettant en lumière la menace des attaques jihadistes, surtout dans la zone des trois frontières.
Le Niger fait face à une recrudescence de la violence, illustrée par l’attaque à Tillabéri en mars 2025, ayant coûté la vie à 44 civils. Les discussions ont révélé les efforts de l’AES, créée par le Niger, le Mali et le Burkina Faso, pour unir les ressources contre les groupes armés. Simão a salué les initiatives nigériennes tout en insistant sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour apaiser les tensions politiques, exacerbées par la dissolution de partis politiques et l’absence d’un calendrier électoral clair.
Coopération sous tension : entre nouvelles alliances et défis économiques
Cette audience a lieu dans un climat diplomatique complexe. Depuis 2023, le Niger a redéfini ses alliances, rompant avec des partenaires traditionnels comme la France et les États-Unis. Simão a réaffirmé l’engagement des Nations Unies à soutenir le Niger et a plaidé pour une coopération régionale renforcée via l’Initiative d’Accra et la résolution 2719 du Conseil de sécurité, visant à financer les efforts antiterroristes.
Les défis économiques et sociaux, ainsi qu’une insécurité alimentaire touchant 33 millions de personnes dans la région, ont également été discutés. Bien que le Niger ait récemment éradiqué l’onchocercose, il peine à réduire la pauvreté, étant classé parmi les pays les plus démunis en 2024. Simão a mentionné le soutien de l’ONU envers des projets de développement durable, en agriculture et énergies renouvelables, pour diminuer la dépendance à l’uranium.
Un appel à l’unité et à la résilience : l’avenir du Niger au cœur des priorités de l’ONU
Cette rencontre a révélé une ambition partagée : faire du Niger un acteur clé pour stabiliser le Sahel. Tiani a réitéré son appel à l’unité nationale, un message fort depuis la promulgation de la Charte de la refondation. Simão a plaidé pour un dialogue inclusif, pressant Niamey de libérer les détenus politiques, y compris l’ancien président Mohamed Bazoum, en résidence surveillée.
Alors que le soleil déclinait sur Niamey, cette audience esquissait un avenir meilleur dans une région tourmentée. Entre l’aspiration souverainiste du Niger et l’appel à la coopération de l’ONU, un équilibre fragile se dessine. Dans ce Sahel en ébullition, chaque pas vers la paix représente un défi, incarnant une volonté de transformer l’adversité en opportunité.