L’aube de la justice au Sahel : La Cour pénale révolutionnaire de l’AES s’installe à Bamako
Bamako, 10 juillet 2025 – Dans les turbulentes sables du Sahel, où le terrorisme et les violations des droits humains sèment une terreur indicible, une lueur d’espoir judiciaire émerge. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, unis sous la Confédération des États du Sahel (AES), ont annoncé le 9 juillet 2025 la création de la Cour Pénale et des Droits Humains du Sahel (CPS-DH) à Bamako. Cette nouvelle institution, accompagnée d’une prison de haute sécurité et d’une plateforme numérique d’échange d’informations, ambitionne de juger les crimes les plus graves : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, terrorisme et violations des droits fondamentaux. Cependant, cette cour peut-elle devenir le bastion de justice promis, ou risque-t-elle d’être un mirage dans le désert de l’instabilité ?
Une riposte régionale face aux crimes transfrontaliers
Située à Bamako, la CPS-DH répond à l’insécurité chronique de la région. Annoncée le 9 juillet 2025, cette cour régionale, issue d’une réunion des Ministres de la Justice de l’AES, vise à combler un vide judiciaire. Elle sera compétente pour juger les crimes de guerre, comme les massacres de civils à Tillia (Niger, mars 2025), et les crimes contre l’humanité affectant 2,4 millions de personnes dans le Sahel central, ainsi que le terrorisme mené par des groupes comme l’État islamique au Sahel (ISSP) et Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimeen (JNIM).
La cour s’accompagne d’une prison de haute sécurité, conforme aux standards internationaux, et d’une base de données judiciaire pour traquer les criminels transfrontaliers. Ces initiatives visent à harmoniser les systèmes judiciaires dans une région où les frontières favorisent le trafic d’armes et les groupes terroristes. Edasso Rodrigue Bayala, Ministre burkinabè de la Justice, a affirmé la nécessité d’adapter ces systèmes aux réalités locales, rejetant les influences jugées « impérialistes ».
Le Sahel et la justice immédiate : un acte de souveraineté
La CPS-DH s’inscrit dans la stratégie souverainiste de l’AES. Après avoir rompu avec la CEDEAO, le Burkina Faso, le Mali et le Niger cherchent à affirmer leur autonomie face à des institutions internationales souvent perçues comme partiales. Un officiel malien a souligné que cette cour représente un acte de souveraineté et une réponse à l’impunité en région.
Le défi demeure immense. En 2024, 51 % des morts dues au terrorisme mondial ont été enregistrées dans le Sahel. Les attaques, comme celle de Fambita (Niger, mars 2025), et les conflits intercommunautaires compliquent la situation. La CPS-DH devra naviguer dans un contexte où les armées nationales, soutenues par des partenariats avec la Russie, luttent contre la menace jihadiste. L’opération récente de la Garde nationale nigérienne à Tahoua (juin 2025), qui a abouti à l’arrestation de trafiquants d’armes, illustre l’urgence de coordonner les efforts judiciaires et sécuritaires.
Défis à l’horizon : Les obstacles de la nouvelle Cour pénale
Malgré son ambition, la CPS-DH soulève des interrogations. Les statuts de la cour, son financement et son articulation avec des juridictions comme la CPI demeurent flous. La prison de haute sécurité doit répondre à des normes strictes pour éviter les critiques d’ONG, déjà préoccupées par les violations des droits humains dans les trois pays. La plateforme numérique repose sur des infrastructures fragiles, dans un contexte de cybersécurité naissante.
Des juristes locaux soutiennent l’initiative, mais mettent en garde contre le risque d’un symbole vide si la cour ne dispose pas des moyens nécessaires. La coopération entre les trois pays devra également surmonter les tensions avec la CEDEAO, qui accuse l’AES de freiner l’intégration ouest-africaine.
Un phare d’espoir dans la tourmente : La promesse d’une justice renforcée
Alors que Bamako se prépare à accueillir cette nouvelle institution, la CPS-DH représente un pari audacieux pour faire de la justice un rempart contre le chaos. En harmonisant les législations sur le terrorisme et la traite humaine, les pays de l’AES souhaitent bâtir un espace judiciaire intégré pour répondre aux besoins de leurs 70 millions d’habitants. Face à l’instabilité, la cour doit prouver sa crédibilité. La CPS-DH est non seulement une institution mais aussi un cri de souveraineté, visant à défier l’impunité et l’ingérence. Son succès dépendra de sa capacité à transformer promesses en jugements, bases de données en enquêtes, et prisons en lieux de justice. Dans le tumulte du Sahel, cette cour pourrait-elle devenir le phare d’une région en quête de paix ?