Tila, bastion de l’unité sahélienne : Tarha-Nakal 2 scelle une alliance face au chaos
Dans l’immensité poussiéreuse de Tila, au nord-ouest du Niger, un souffle de fraternité militaire s’est levé depuis le 15 mai. Sous le nom évocateur de Tarha-Nakal 2, signifiant « amour de la patrie » en haoussa, les armées du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et du Togo se sont rassemblées pour des exercices d’envergure, prévus pour deux semaines. Ce projet, orchestré par l’Alliance des États du Sahel (AES), répond résolument aux tempêtes sécuritaires qui ébranlent la région et tisse des liens de solidarité avec les populations locales.
À Tila, ville stratégique de la région de Tahoua, à proximité de la frontière malienne, les forces armées des cinq nations s’entraînent avec détermination. Sous la supervision du général-major Abdelkader Amiro, chef d’état-major adjoint des forces nigériennes, les manœuvres conjuguent tactiques de combat, coordination transfrontalière et simulations de réponses aux crises humanitaires. L’objectif est clair : forger une interopérabilité sans faille pour contrer les menaces transnationales, notamment le terrorisme qui gangrène le Sahel. La région des trois frontières – Mali, Niger, Burkina Faso – est devenue un épicentre de la violence jihadiste.
Ces exercices, se prolongeant jusqu’au 4 juin, englobent des actions sociales telles que des consultations médicales gratuites pour les habitants de Tila. « Cette initiative est un pont entre la sécurité et l’humanitaire », a souligné le général Amiro, dans une démarche visant à renforcer la confiance des populations.
L’AES, lancée en septembre 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, s’est érigée comme une alternative à la CEDEAO. Rejoints par le Tchad et le Togo, ces États veulent reprendre en main leur destin face aux défis du terrorisme et des crises climatiques. Tarha-Nakal 2, succédant à une première édition en 2024, démontre cette dynamique.
Le contexte géopolitique ajoute une gravité à l’événement. Avec l’expulsion des forces françaises et américaines, l’AES s’est tournée vers de nouveaux partenaires, comme la Russie. À Tila, l’accent est mis sur l’autonomie, avec un centre d’entraînement des forces spéciales symbolisant la volonté de bâtir une résilience régionale.
Tarha-Nakal 2 représente une unité dans une région fracturée. Avec plus de 4,3 millions de déplacés et une intensité accrue des attaques jihadistes, la coopération militaire devient indispensable. Le Togo et le Tchad enrichissent cette alliance par leur expérience. Cependant, des défis persistent, tels que le sous-financement des armées et les tensions ethniques exploitées par les groupes armés.
À Tila, sous le soleil du Sahel, les soldats des cinq nations tracent une voie d’espoir. Tarha-Nakal 2 rappelle que l’amour de la patrie est une force motrice pour des États déterminés à reprendre le contrôle de leur sécurité.