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En quelques années, Issaka Sanda Ali est devenu ceinture noire 1er Dan de taekwondo et responsable du club « Mamar Kassai » de Téra. Passionné, il consacre son temps à transmettre aux jeunes les valeurs et techniques de cet art martial, ayant débuté à Zinder au club « Zinderma », dirigé par maître Badamassi, dit Dogo.

À l’époque, en classe de 6è et pesant plus de 59 kg, il ne pouvait pas combattre dans la catégorie des poids lourds. Il s’est donc tourné vers le « poomsae », discipline qui lui a valu une médaille d’or. Le 5 août 2022, fort de son expérience, il ouvre son propre club pour partager son savoir. Pour Issaka, le taekwondo est une école de vie où les valeurs d’entraide et de respect sont primordiales. « Dans beaucoup de clubs au Niger, le respect fait défaut. Sans respect, on ne peut rien apprendre aux enfants », souligne-t-il.

Confiant sur l’évolution de cette discipline, il affirme : « La progression dans le taekwondo se fait pas à pas. Avant tout, il faut enseigner la paix de l’esprit et la concentration, car un esprit agité ne peut rien accomplir. »

À Téra, le club Mamar Kassai est le seul espace dédié au taekwondo. Chaque année, Issaka et ses disciples participent à des interclubs à Niamey, et espèrent cette année se rendre à Tahoua. « Ici, à Téra, les opportunités sont limitées. Je collabore avec un autre maître, Moctar, et parfois nous voyageons ensemble avec les enfants pour des événements », précise-t-il.

L’une des principales difficultés qu’Issaka rencontre est le manque de reconnaissance du sport à Téra. « Beaucoup pensent que le taekwondo ne sert à rien. Imaginez une grande ville comme Téra avec un seul club. Peu d’élèves paient leur mensualité, ce qui est décourageant. Nous avons donc créé un groupe avec les parents, chacun contribuant 1 000 francs par mois pour équiper nos élèves », explique-t-il.

Les disciples du club Mamar Kassaï de Téra

Issaka encourage les jeunes à ne pas se limiter au combat ; le poomsae offre également de réelles opportunités de compétition. Son club compte une trentaine de disciples, avec des entraînements tous les mercredis, samedis et dimanches de 17h à 19h30. L’inscription est fixée à 3 000 francs CFA, avec un acte de naissance. Les disciples avancés préparent déjà leur passage à la ceinture noire, mais l’affiliation à la fédération demeure un frein : « Pour cela, il faut être au moins au 3è Dan, ce qui me freine », confie-t-il.

Issaka gère son club tout en poursuivant ses études. « Nous avons partagé les jours d’entraînement avec Maître Moctar ; lui vient une fois par semaine, moi deux fois, tandis que je me concentre sur mes études », précise-t-il. Il rappelle l’importance du sport pour la santé : « Aujourd’hui, on voit des jeunes de moins de 20 ans souffrir d’hypertension, à cause du manque d’activité physique. Le sport permet de se défendre et de protéger sa famille. J’encourage les jeunes à s’inscrire et à pratiquer, ils verront la différence », conclut-il.

Assad Hamadou (ONEP)

By Ibrahim