Le Sambo : Un art martial et un sport de combat en plein essor au Niger
Le Sambo, autrefois méconnu des nigérins, est aujourd’hui une discipline qui enregistre des exploits grâce au dévouement et à l’amour qu’éprouvent ses adeptes pour l’émergence de cette dernière. Malgré un passé plus ou moins en gestation, avec de faibles ressources, il s’impose dans l’environnement sportif nigérien. Maitre Alzouma Hamidou, président de la Fédération Nigérienne de Sambo, Vice-président de la Confédération Africaine de Sambo et précurseur de cette discipline au Niger, est conscient des défis et des perspectives de cet art martial au Niger.
Le nom « Sambo » est l’abréviation de SAMOZACHITA BEZ OROUGIA, qui signifie « autodéfense sans armes ». Né en U.R.S.S. au lendemain de la Révolution d’Octobre, le Sambo est la synthèse de deux méthodes : le « Sam » à vocation militaire et policière, et la « Lutte Libre Soviétique » à vocation populaire et sportive. On y recense une vingtaine de formes de combat reconnues internationalement. Ce sport est le fruit d’un travail collectif, revendiquant plusieurs experts fondateurs. Pour beaucoup d’acteurs le sambo est une discipline aux multiples facettes en plein essor au Niger.
Les combattants soviétiques en Sambo se sont illustrés en judo et en lutte à l’échelle internationale. Grâce à son efficacité, cette discipline est aujourd’hui pratiquée dans le monde entier, explique Maître Alzouma Hamidou, président de la Fédération Nigérienne de Sambo.
Au Niger, le Sambo a fait son apparition en 2004 grâce à l’initiative du défunt Jean Bolé, un camerounais, qui a initié Maître Alzouma Hamidou à la pratique de cet art. « C’est grâce à lui que le Sambo figure aujourd’hui parmi les disciplines des arts martiaux au Niger », précise ce dernier. En 2016, la Fédération Nigérienne de Sambo a vu le jour avec son agrément auprès du ministère de l’Intérieur, et une délégation de pouvoir accordée par le ministère en charge des Sports. Il faut noter que le Sambo se divise en cinq sous-disciplines : le Sambo Sportif, le Sambo Défense, le Sambo Combat, le Sambo Training et le Baby Sambo.
Le Sambo Sportif est une discipline de préhension (conquête) basée sur le contact et le corps à corps. Elle autorise toutes les techniques de projection de la lutte libre, gréco-romaine et du judo, ainsi que les techniques d’immobilisation et de clés de bras. A cela s’ajoutent des techniques spécifiques comme les projections avec ramassement des jambes et les soumissions sur les membres inférieurs.
En compétition, la victoire peut s’obtenir en projetant son adversaire sur le dos tout en restant debout et équilibré ; en le contraignant à abandonner par une technique de soumission au sol ; ou en accumulant une différence de 12 points. La tenue de Sambo Sportif comprend une veste « Kurtka » bleue ou rouge, assortie d’un short « Trusi » et de chaussures spécifiques « Bortsovki ».
Le Sambo Défense est cette sous-discipline regroupant des techniques de défense issues des arts martiaux et des sports de combat. Elle se base sur des situations réelles, combinant distance, semi-distance, corps à corps et techniques au sol. « C’est la discipline la plus complète en matière de défense », souligne Maître Alzouma. La tenue inclut une Kurtka bleue ou rouge, une ceinture assortie, un pantalon blanc, et des chaussures Bortsovki.
Il y a également le Sambo Combat qui se distingue par l’intégration de techniques de percussion, en plus des combats debout et au sol. Des équipements de protection (coquille, protège-poitrine, casque, protège-dents, protège-tibias, gants à doigts ouverts, etc) sont obligatoires pour préserver l’intégrité des pratiquants. En compétition, la victoire peut être obtenue par KO, soumission, strangulation, projection, ou une différence de 12 points.
Et enfin, l’on retient le Sambo Training et le Baby Sambo, qui se pratiquent sous forme de fitness et qui visent à améliorer la condition physique des pratiquants sur un fond musical rythmé. Le Baby Sambo s’adresse aux enfants de 4 à 8 ans. Il met l’accent sur le développement des habiletés motrices fondamentales (adresse, équilibre, latéralisation) à travers des jeux et des thèmes spécifiques.
Les défis de la Fédération Nigérienne de Sambo
Malgré son potentiel, le Sambo au Niger fait face à de nombreux défis, notamment le manque de financement et d’infrastructures. « Les combattants sont là, mais faute de moyens, nous sommes contraints de sélectionner quelques-uns pour participer aux compétitions internationales, alors que d’autres pays envoient des équipes complètes », déplore Maître Alzouma avant de remercier le directeur général de l’ARCEP, le Colonel-major Chaibou Idrissa, pour son récent soutien à la fédération. Il a appelé d’autres partenaires à suivre cet exemple. « Le potentiel est là, il ne reste qu’à fournir les moyens nécessaires pour que nos gladiateurs puissent se démarquer sur la scène internationale », a conclu Maître Alzouma Hamidou, en renouvelant ses remerciements à tous ceux qui contribuent au rayonnement de cette discipline.
Des athlètes nigériens qui brillent sur la scène nationale et internationale
Dans le monde du sport, le Sambo regorge de gladiateurs, hommes et femmes, qui excellent à la fois à l’échelle nationale et internationale grâce à leur participation à divers championnats. Ces athlètes déploient d’énormes efforts pour le rayonnement et le succès de cette discipline, à l’image de Hanna Idi Adam, Adamou Halidou Mainassara, Boubacar Saadou, et bien d’autres.
En effet, Hanna Idi Adam est l’une des étoiles montantes du Sambo au Niger. A 26 ans, la native de Niamey, s’est forgée un nom dans cette discipline alliant passion, travail acharné et volonté. Mesurant 1,65 m pour 59 kg, elle a commencé les arts martiaux dès son enfance, avec 11 années intensives de pratique du judo pendant lesqelles elle a remporté plusieurs médailles dans sa catégorie.
C’est en 2016, qu’elle découvre le Sambo « On m’a annoncé qu’un nouvel art martial était né. Par curiosité, j’ai décidé d’essayer. C’est ainsi que j’ai adhéré à cette discipline », confie-t-elle.
Athlète de haut niveau dans le sambo, Hanna Idi Adam parvient à concilier ses études et ses entraînements réguliers. Actuellement technicienne en informatique de gestion, elle a participé à plusieurs compétitions internationales où elle a représenté, avec brio, le Niger, notamment : en 2023, au championnat africain à Ouagadougou, où le Niger s’est classé premier dans la catégorie féminine ; en février 2024, au championnat au Ghana, où elle a décroché le titre de vice-championne ; en avril 2024, au championnat africain de Sambo en Égypte, où elle est devenue, pour la deuxième fois, vice-championne d’Afrique.
« Je regrette ma défaite face à mon adversaire lors du dernier championnat. C’est pourquoi je m’entraîne encore plus intensément. Mon objectif est d’être non seulement championne d’Afrique, mais aussi championne du monde. Insha Allah, je deviendrai une idole », déclare Hanna avec détermination.
Dans cette quête du succès en Sambo, Hanna n’est pas la seule. Adamou Halidou Mainassara fait partie des forces du Sambo nigérien, version Combat. Âgé de 35 ans, Adamou Halidou Mainassara, mesure 1,72 m pour 98 kg ; il est vice-champion d’Afrique en Sambo Combat. Passionné d’arts martiaux, il pratiquait le taekwondo avant de découvrir le Sambo en 2012. « J’ai voulu satisfaire ma curiosité et enrichir mes compétences dans les arts martiaux », explique-t-il. Depuis, Adamou a accumulé des performances impressionnantes : 2è place au championnat de Russie en 2021, face à un colonel de l’armée russe ; 3è place au championnat d’Afrique en Égypte en 2022 ; vice-champion d’Afrique au Cameroun en 2023 et au Maroc en 2024 ; vice-champion au championnat de Turkestan. « En Sambo Combat, avec un poids de 98 kg, je suis parfois confronté à des adversaires de plus de 150 kg. Cela nécessite une préparation particulière et des régimes stricts pour rester compétitif dans ma catégorie, » souligne Adamou.
Dans la course vers la prouesse, certains sont polyvalents. C’est le cas de Boubacar Saadou, l’un des champions polyvalents et engagés. Âgé de 33 ans, mesurant 1,74 m pour 88 kg, Boubacar Saadou est un élément de la Garde Nationale du Niger (GNN) qui évolue avec succès dans le Sambo. Ce multiple champion d’Afrique a débuté le Sambo en 2006.
Son palmarès impressionnant affiche plusieurs médailles dont la médaille de bronze au championnat d’Afrique au Maroc en 2010 ; la médaille de bronze au Cameroun en 2014 ; le Champion d’Afrique au Maroc en 2012 ; Vice-champion d’Afrique en 2015 ; Champion en 2018 et 2019 au Maroc ; 5è au classement mondial au tournoi des Masters de Sambo en Corée du Sud.
En 2016, le Niger a organisé le championnat d’Afrique, mais Boubacar n’a pas pu atteindre ses objectifs en raison de son sur-classement dans la catégorie des +98 kg. En plus de ses exploits sportifs, Boubacar est également coach. Il a obtenu la première place lors du Coaching Event au Maroc en 2018 et 2019. « Le Sambo nécessite beaucoup d’investissements. Bien que nous recevions un soutien modeste de la Garde Nationale, cela reste insuffisant pour couvrir les besoins. Il est impératif que les autorités reconnaissent cette discipline et l’intègrent dans les programmes d’enseignement », dit-il.
Ainsi, les gladiateurs, tout comme leur fédération, font face à des défis multiples notamment financiers et matériels. C’est pourquoi, ils lancent un appel à l’aide pour le développement du Sambo au Niger. En effet, M. Boubacar Saadou, coach et athlète, appelle les autorités et les sponsors à soutenir cette discipline en plein essor. « Le potentiel est là. Nous avons des champions, mais il faut des moyens pour permettre à ces talents de briller sur la scène internationale », conclut-il.
Abdoul-Aziz I. Moumouni (Stagiaire)