Diffa, 4 février 2025 — Dans une salle de conférence marquée par une atmosphère lourde, le Général de Brigade Mahamadou Ibrahim Bagadoma, Gouverneur de la Région de Diffa, a dirigé ce mardi une importante réunion avec des cadres régionaux. Cette rencontre vise à réajuster les interventions des partenaires au développement, dont les projets, bien que nombreux, ne correspondent pas aux besoins réels d’une population éprouvée par une décennie de crises sécuritaires et humanitaires.

Des projets inadaptés : l’alerte d’un gouvernant engagé

Avec une voix fermée et une lassitude visible, le Gouverneur a dressé un constat amer : « Les partenaires plantent des graines dans un désert d’insécurité, sans consulter ceux qui labourent la terre. » Une métaphore pour dénoncer des initiatives imposées dans des zones instables, rendant ces projets aussi éphémères que des mirages. Selon lui, cette approche isolement des bailleurs de fonds nuit à leur efficacité, transformant des millions investis en châteaux de sable balayés par les vents de l’urgence.

Pour une redéfinition des priorités

Le ton du Gouverneur s’est intensifié lorsqu’il a exigé de se recentrer sur des secteurs essentiels : hydraulique, santé, éducation et infrastructures socio-économiques. « Nous ne sommes pas des spectateurs dans notre propre récit. Les partenaires doivent échanger leur vision d’experts contre une compréhension collective de nos réalités. », a-t-il déclaré, appelant à un dialogue symétrique entre autorités locales et acteurs externes. Il a souligné l’importance d’écouter les responsables techniques communaux, véritables gardiens du quotidien, qui détiennent les clés d’une planification ancrée dans le terrain.

Diffa, déjà éprouvée par les attaques de Boko Haram et étant l’un des épicentres de la crise humanitaire au Sahel, a vu l’afflux de nombreuses ONG et agences onusiennes. Malgré leur présence, de nombreux participants à la réunion évoquent une intervention déconnectée du terrain : « Des projets dispersés, des rapports d’activités en abondance, mais des résultats fugaces comme les pluies en saison sèche », a résumé un cadre régional sous couvert d’anonymat.

Coconstruction ou statu quo ?

Cette réunion pourrait marquer un tournant dans la gouvernance régionale. Le Gouverneur Bagadoma, en promoteur du développement, semble vouloir changer la dynamique : ne plus subir les agendas des partenaires, mais co-construire les programmes. « Le temps des projets conçus dans des bureaux climatisés à des milliers de kilomètres de nos réalités est révolu. » Il plaide pour des diagnostics partagés et des indicateurs de succès élaborés localement.

L’ombre de Boko Haram toujours présente

Tout en rappelant que la région fait face à des menaces d’attaques constantes, le Gouverneur a souligné l’inadéquation d’implanter des infrastructures là où « le bruit des armes couvre le murmure des progrès. » Un appel à prioriser les interventions dans les localités stabilisées pour éviter que le développement ne soit anéanti par de nouvelles violences.

L’heure des choix

Cette réunion suggère les contours d’une nouvelle collaboration dont le succès dépendra de la capacité des partenaires à passer d’une approche verticale à une approche horizontale inclusive. Pour les populations de Diffa, épuisées mais résilientes, le défi est clair : transformer cette coordination harmonieuse en une réalité tangible ou perpétuer le cycle des promesses vaines.

Le Général Bagadoma, en stratège avisé, a donc jeté les bases de cette nouvelle dynamique. Reste à voir si les partenaires, souvent guidés par des logiques de siège, sauront s’adapter aux nuances d’un terrain exigeant bien plus que de bonnes intentions.

By Ibrahim