Niamey, 20 février 2025 — Le soleil déclinant de février illuminait les murs du Centre Mahatma Gandhi à Niamey, alors que se clôturaient les Assises Nationales pour la Refondation du Niger, marquant la fin d’une démarche inédite dans le paysage politique sahélien. Sous l’égide du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), cette agora de six jours a rassemblé 716 délégués de toutes les strates socioprofessionnelles, produisant un corpus de recommandations entre audace réformatrice et quête d’équilibre. Elle a esquissé les contours d’un Niger post-transitionnel, naviguant entre réconciliation interne et réaffirmation souveraine sur la scène internationale.

Une synthèse des aspirations plurielles

Le Général Abdourahamane Tiani, Président du CNSP, a salué un « processus cathartique, libérant les énergies latentes d’une nation en quête de renaissance ». Les travaux, débutés le 15 février, ont minutieusement analysé les maux structurels du pays : exploitation des ressources naturelles, fragilités sécuritaires, déliquescence des institutions, et fractures sociétales héritées de décennies de gouvernance contestée. La Charte de la transition, émanation de ces délibérations, se veut une boussole éthique pour une gouvernance renouvelée, ancrée dans la transparence et l’équité.

Les Assises Nationales pour la Refondation du Niger ont clôturé après six jours de délibérations, proposant des réformes audacieusesRefondation Juridique : entre clémence et redressement

Les propositions de la sous-commission « Justice et Droits de l’Homme » ont cristallisé les tensions entre pardon collectif et exigence de reddition des comptes, proposant une amnistie pour les acteurs du putsch de juillet 2023 tout en plaidant pour traquer les détournements liés à l’Uranium-gate et au MDN-gate. Cette dualité reflète une volonté de concilier réconciliation nationale et responsabilité.

Les délégués ont également plaidé pour un réarmement moral de l’appareil judiciaire avec des réformes, telles que l’abolition des immunités parlementaires, visant à restaurer l’égalité citoyenne.

Ils ont réclamé une résurgence des vérités historiques enfouies, comme l’assassinat du président Baré Maïnassara en 1999, tout en proposant la restauration du Ministère de la Promotion de la Femme, symbole d’une justice du genre longtemps négligée.

les Assises Nationales pour la Refondation du NigerGéopolitique : vers une nouvelle alliance sahélienne

Les assises ont également acté un virage stratégique en matière de diplomatie. La sous-commission « Géopolitique et Environnement International » a esquissé une doctrine étrangère centrée sur l’alliance sahélo-saharienne et a préconisé la fermeture des ambassades « sans intérêt stratégique ». L’opérationnalisation de l’AES passerait par la tenue d’États généraux de la diplomatie.

Refondation politique : de la table rase à l’édification institutionnelle

La Commission « Refondation politique et institutionnelle » a proposé la dissolution des partis politiques existants et la création d’un multipartisme contrôlé. Cette mesure vise à lutter contre le clientélisme, tout en reconnaissant l’islam comme religion majoritaire tout en garantissant la liberté de culte.

Les Assises Nationales pour la Refondation du NigerL’espérance à l’épreuve des réalisations

Les assises ont offert un exutoire aux frustrations accumulées, leur impact dépendra de la mise en pratique des résolutions adoptées. Le défi sera de bâtir une justice réparatrice tout en évitant une vendetta politique. Reste à savoir si cette feuille de route résistera aux secousses d’un Sahel en perpétuelle ébullition.

By Ibrahim