Niamey : une rencontre discrète entre le Niger et la Libye scelle un rapprochement stratégique
Niamey, 22 mai 2025 — Sous le ciel ocre de la capitale nigérienne, une entrevue mystérieuse a eu lieu ce jeudi dans les bureaux du Premier ministre Mahamane Ali Lamine Zeine. Accompagné d’une délégation libyenne, le lieutenant-général Saddam Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL), a visité le cabinet ministériel pour discuter d’enjeux stratégiques. L’entretien a rassemblé des figures clés du gouvernement nigérien, dont le Ministre de l’Intérieur Mohamed Toumba et le Ministre du Pétrole Sahabi Oumarou, marquant un jalon dans les relations entre Niamey et Benghazi, au sein d’un Sahel en pleine redéfinition des alliances.
Une alliance stratégique sous le sceau du secret
L’absence de déclarations officielles après la rencontre illustre la sensibilité des discussions entre le Niger et l’Est libyen. Cette visite vise à renforcer les liens entre ces nations voisines partageant 342 kilomètres de frontières, marquées par les flux migratoires et les trafics illicites. Membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Burkina Faso, le Niger cherche à diversifier ses partenariats depuis son retrait de la CEDEAO en janvier 2025. La Libye, divisée entre le gouvernement de Tripoli et les forces de Haftar à l’Est, perçoit en Niamey un allié potentiel pour stabiliser une région marquée par l’insécurité.
Les enjeux cachés : sécurité et énergie
Le silence des officiels alimente les spéculations, mais les priorités de cette rencontre se dessinent autour de défis communs. La sécurité est au cœur des préoccupations : le Niger, confronté aux menaces du JNIM et de l’État islamique, partage avec la Libye l’urgence de contenir les groupes armés aux frontières sahéliennes. La coopération énergétique, avec le Niger riche en uranium et en pétrole, pourrait également avoir été un sujet de discussion, d’autant plus que la Libye voit en Niamey un partenaire pour réduire sa dépendance aux circuits occidentaux.
Niger : une diplomatie audacieuse pour l’autonomie
Mahamane Ali Lamine Zeine, Premier ministre depuis août 2023, multiplie les initiatives pour contrer l’isolement du Niger sur la scène internationale. La présence de Saddam Haftar, figure montante de l’ANL, suggère une volonté de s’ancrer dans le Sahel, espace prisé par des puissances étrangères. Ce rapprochement pourrait également sécuriser les routes commerciales indispensables pour le Niger, dont 80 % des exportations dépendent des ports voisins.
Niger et Libye : un avenir incertain, mais riche de promesses
L’absence de communication officielle met en lumière une prudence stratégique. Cette rencontre à Niamey suggère que le Niger explore des avenues pour affirmer sa souveraineté. De plus, des accords sur la lutte contre le trafic d’armes et de drogue, préoccupations majeures à la frontière nigéro-libyenne, pourraient également être envisagés.
Dans le cabinet de Zeine, Niamey et Benghazi ont esquissé un pas vers une coopération pragmatique, dans un Sahel où chaque alliance est un enjeu pour l’avenir.