Niamey sous haute surveillance : les stations-service contraintes d’installer des caméras
Dans les rues poussiéreuses de Niamey, où le ronronnement des motos et le va-et-vient incessant des camions-citernes rythment le quotidien, une nouvelle mesure vient bouleverser l’ordre établi. Par un décret incisif, le gouverneur de la région, le général de brigade Abdou Assoumane Harouna, impose à toutes les 354 stations-service de la capitale nigérienne l’installation obligatoire de systèmes de vidéosurveillance dans un délai d’un mois. Toute station ne respectant pas cette règle sera scellée par les autorités.
Le gouverneur accuse : « Vos pompes alimentent le terrorisme ! »
Le Niger, carrefour stratégique du Sahel, est sous la menace constante des groupes armés. Le gouverneur Harouna a souligné qu’environ 60 % du carburant alimentant les réseaux terroristes proviendrait des stations-service de Niamey. « Vos pompes sont les artères d’un trafic illicite qui menace notre nation », a-t-il déclaré.
Ce constat place les stations-service au cœur d’une bataille invisible contre les sources de financement du terrorisme. Les caméras, loin d’être un simple gadget, deviennent des sentinelles numériques pour traquer les transactions douteuses.
Cette mesure s’inscrit dans un contexte où le Niger redouble d’efforts pour juguler l’insécurité. Depuis l’arrivée au pouvoir du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) en juillet 2023, les initiatives sécuritaires se multiplient. Niamey devient un laboratoire de cette politique de contrôle.
Stations-Service : 30 Jours pour s’Équiper ou Faire Face à des Sanctions
Pour les promoteurs de stations-service, le décret du gouverneur est un véritable ultimatum. Installer des systèmes de vidéosurveillance en trente jours représente un défi logistique et financier considérable, surtout pour les PME.
Malgré une croissance exceptionnelle de 10,3 % en 2024, les petites entreprises peinent à absorber ces coûts imprévus. Les sanctions promises ajoutent une pression immense.
Les administrateurs des arrondissements communaux de Niamey doivent veiller à l’application rapide de ce décret, mais la légalité de cette mesure est déjà remise en question par certains observateurs.
Niamey : l’Équilibre Précaire entre Surveillance et Libertés
La densité urbaine croissante combinée à la menace terroriste pourrait transformer l’espace public en un lieu sous surveillance renforcée. Cette politique soulève des interrogations sur son impact sur les libertés individuelles.
Quel sera le véritable effet d’une telle surveillance sur la vie privée des citoyens ? Dans un pays en quête d’indépendance, une surveillance accrue pourrait créer un climat de défiance.
Le général Harouna appelle à un « sursaut patriotique » des exploitants, mais il est essentiel que les données collectées soient utilisées de manière éthique pour éviter toute dérive.
Le Pari de Niamey : Assécher le Financement Terroriste
Ce décret, appliqué avec rigueur, pourrait redessiner la géographie sécuritaire de Niamey et entraver les réseaux d’approvisionnement terroristes. En plaçant les stations-service sous surveillance, les autorités visent à assécher une source vitale de financement.
Le succès dépendra de la capacité du gouvernement à soutenir les exploitants dans cette transition et à garantir l’usage éthique des données collectées, tout en préservant la confiance des Nigériens dans leurs dirigeants.