Niamey, le 26 mars 2025 – Dans la clarté matinale de ce mercredi, le Centre international des conférences Mahatma Gandhi de Niamey s’est paré d’une solennité rare, accueillant une cérémonie d’une portée historique. Sous le regard attentif d’un parterre illustre : anciens chefs d’État, le Premier ministre Lamine Zeine, les dignitaires du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), les émissaires de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que des ambassadeurs et figures éminentes du Niger, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a gravé son nom dans les annales de la nation.
Élevé au rang de Général d’Armée et investi Président de la République pour un mandat de cinq ans, il a promulgué la Charte de la Refondation et a signé 2 ordonnances dans le cadre des recommandations des Assises nationales : dissolution des partis politiques et mise en liberté de certaines personnes condamnées, marquant ainsi le coup d’envoi officiel des résolutions issues des Assises Nationales tenues du 15 au 20 février derniers.
Le Général Tiani : un rituel d’élévation et de consécration
L’événement, empreint d’une gravité presque sacrée, a vu le Général Tiani, architecte du coup d’État de juillet 2023 qui renversa Mohamed Bazoum, revêtir les insignes de Grand Maître des Ordres Nationaux du Niger. Cette distinction incarne une autorité désormais incontestée, forgée dans le creuset d’une volonté de rupture avec un passé jugé délétère. La Charte de la Refondation, texte cardinal né des débats des Assises, se dresse comme une boussole pour guider le Niger vers une souveraineté retrouvée, une cohésion sociale raffermie et une prospérité escomptée. Elle fixe un cap ambitieux : cinq années, renouvelables, pour redessiner les contours d’une nation ébranlée par des décennies d’instabilité et d’insécurité.
Le décor du Centre Mahatma Gandhi, baigné de lumière et d’échos patriotiques, a amplifié la résonance de ce moment. Les anciens présidents, tels Mahamadou Issoufou, ont prêté leur présence comme un gage de continuité dans la discontinuité, tandis que les représentants de l’AES – Mali et Burkina Faso en tête – ont souligné l’émergence d’un axe sahélien décidé à s’affranchir des tutelles extérieures. Les diplomates étrangers ont observé cette transformation d’un régime militaire en une gouvernance institutionnalisée.
Dans son allocution, le Général Tiani a exalté l’unité nationale comme rempart contre les vents contraires de l’histoire. « Aujourd’hui, le Niger se lève, non pas pour suivre, mais pour tracer sa voie », a-t-il proclamé, son timbre ferme trahissant une détermination inoxydable. Les résolutions des Assises, fruit d’un dialogue inclusif réunissant plus de 700 voix de la société nigérienne, esquissent un dessein audacieux : dissoudre les partis politiques existants, ériger une justice indépendante et juguler l’insécurité importée. À cela s’ajoute une amnistie pour les artisans du coup de 2023, un geste qui apaise les consciences, mais soulève des questions sur la réconciliation à venir.
Les observateurs notent que cette refondation s’inscrit dans un contexte régional mouvant. Depuis le putsch, Niamey a tourné le dos à des partenaires historiques comme la France, tout en tissant des liens plus étroits avec la Russie et ses voisins de l’AES. Cette réorientation, si elle galvanise les partisans d’une émancipation africaine, suscite des murmures d’inquiétude chez ceux qui y voient un pari risqué dans une zone minée par le terrorisme et les rivalités géopolitiques.
Alors que les drapeaux nigériens ondulaient sous un ciel dégagé, la cérémonie s’est achevée sur une note de ferveur contenue. Le Général Tiani, désormais Général d’Armée et Président, incarne une espérance pour certains, et une énigme pour d’autres. Si la Charte de la Refondation promet un renouveau, son exécution reste délicate. Les cinq années à venir seront-elles le socle d’une nation réinventée ou un échiquier sur lequel ambitions, défis et incertitudes s’entrelaceront ? Sous l’esprit pacifique du Mahatma Gandhi, le Niger s’élance, porté par une foi ardente tout en étant accompagné de questions sans écho.