La Lutte Traditionnelle, un Héritage Culturel au Niger

La lutte traditionnelle, appelée « Kokowa », est bien plus qu’un simple sport. Elle représente un patrimoine culturel vivant, enraciné dans les traditions des diverses régions du Niger. Au-delà du combat physique, cette pratique regroupe éléments artistiques, musicaux et comiques qui enrichissent son sens.

Le « Goundouwa », tam-tam emblématique, symbolise la tradition et l’esprit guerrier des lutteurs. Les « Tchalis-Tchalis », les bouffons des arènes, ravivent l’atmosphère par leurs parodies comiques et leurs mimiques exagérées, apportant une dimension festive aux compétitions.

Amadou Abdoulaye dit Sagalo : Le Gardien de la Tradition

Amadou Abdoulaye, connu sous le nom de Sagalo, est une figure clé de la lutte traditionnelle au Niger. Originaire de Kakou, il est reconnu pour insuffler force, courage et détermination aux lutteurs à travers ses chants et son rythme sur le Goundouwa. Sagalo est respecté dans toute la nation, et aucun tournoi de lutte ne serait complet sans sa présence.

Sagalo Amadou Abdoulaye (micro à gauche) et sa troupe

Ses chants élogieux rendent chaque combat mémorable. Amadou Abdoulaye a été choisi lors d’une compétition nationale et considère ce titre comme un cadeau divin, car il n’est pas le fils du précédent Sagalo, mais a hérité de son amour pour la musique de son père.

Le Goundouwa est essentiel pour les lutteurs. Amadou Abdoulaye insiste sur le fait qu’aucun combattant ne peut exceller sans être en harmonie avec cet instrument. « Le Goundouwa apporte une énergie incomparable aux lutteurs », affirme-t-il.

Le Goundouwa : Instrument Mythique de la Lutte

Issoufou Kodo, journaliste et spécialiste, souligne que le Goundouwa est primordial dans la lutte. Aucun autre instrument ne rivalise avec son influence, et il stimule les lutteurs, renforçant leur détermination durant le combat.

Batteurs du Goundouwa
Batteurs du Goundouwa, le tambour emblématique

Ce tambour est essentiel pour l’équilibre émotionnel des lutteurs. La mélodie du Goundouwa transforme les combats en espaces vibrants d’énergie. Selon Kodo, sans cet instrument, l’âme de la lutte serait compromise.

Les Tchalis-Tchalis : Étoiles des Arènes

Les « Tchalis-Tchalis » sont essentiels pour apporter humour et bonne humeur dans les arènes. Lors de la 45ème édition de la lutte, une quarantaine de ces bouffons ont diverti le public, et le trio « Les Trois Jumeaux » a particulièrement captivé l’attention par leur énergie et originalité.

Les Trois Jumeaux
Pour détendre l’atmosphère, les Tchalis-tchalis imitent les combats de lutteurs

Leur interaction avec le public vise à créer une ambiance sereine, même lors des compétitions les plus tendues. Leur humour et leurs performances comiques apportent joie et légèreté au public.

Les revenus des Tchalis-Tchalis peuvent être irréguliers, mais ils s’investissent pleinement dans cette vocation, incitant les Nigériens à soutenir cet art unique. Leur appel à l’unité souligne l’importance de la lutte traditionnelle comme symbole culturel.

Chamsoudine May Nabouta : Comédien-Chanteur

Chamsoudine May Nabouta, comédien et chanteur d’origine nigériane, attire également l’attention avec son humour unique. En s’habillant comme un clown, il parvient à transformer les arènes en scènes de spectacles populaires, captivant le public par son style et son énergie.

La lutte traditionnelle nigérienne, « Kokowa », est bien plus qu’une simple compétition ; elle est une célébration de l’identité nationale, incarnant des valeurs de courage, de résilience et d’unité.

Arène de Dosso lors de la 45è édition
Une vue de l’arène de Dosso lors de la 45è édition

Cette discipline est universellement reconnue comme « le sport roi » au Niger, rassemblant la nation autour de compétitions qui transcendent les frontières. La lutte traditionnelle incarne une passion collective, sans distinction d’âge ou de statut.

Assad Hamadou (ONEP), Envoyé Spécial

By Ibrahim