Crise humanitaire à Assamaka : des milliers de Nigériens expulsés d’Algérie
Le 21 avril, vers 19 h, Assamaka, une petite ville nigérienne à la frontière du Sahara, a été le théâtre d’une crise humanitaire. Entre le 1er et le 21 avril, 2 753 Nigériens, dont 308 mineurs et 196 femmes, ont été refoulés d’Algérie par des convois « officiels », selon les autorités locales. À cela s’ajoutent 2 222 refoulés, dont 146 Nigériens, contraints de marcher 15 kilomètres dans un no man’s land aride vers Assamaka. Ces expulsions, accompagnées de témoignages de violences, mettent en lumière les pratiques de gestion migratoire en Algérie.
Violences et calvaire des migrants
Les récits des migrants ayant survécu à cette épreuve à Assamaka sont alarmants. Arrêtés lors de rafles dans des villes comme Oran et Alger, ils font état de violences subies aux mains des forces de l’ordre : coups, viols et confiscation de biens personnels. Un survivant a déclaré : « Ils nous ont tout pris, nous battant comme des bêtes avant de nous abandonner dans le désert. » Les femmes et les mineurs sont particulièrement touchés, suscitant l’indignation des ONG humanitaires.
Après leur expulsion, la police d’Assamaka enregistre les Nigériens des convois officiels et les transfère vers des centres de transit gérés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des partenaires italiens. Les migrants refoulés à pied font face à des conditions extrêmes : températures dépassant 40°C, absence d’eau et pénurie alimentaire. Médecins Sans Frontières (MSF), présent sur place, alerte sur la santé inquiétante de nombreux arrivants, souffrant de déshydratation, de blessures ou de troubles psychologiques.
Crise humanitaire et tensions diplomatiques
Ces expulsions, qui font partie d’une politique algérienne de refoulement intensifiée depuis 2014, exacerbent les tensions avec le Niger. En avril, Niamey avait convoqué l’ambassadeur algérien pour dénoncer le « caractère violent » de ces opérations, une accusation que l’Algérie a balayée. Selon Alarme Phone Sahara, plus de 31 000 migrants, principalement subsahariens, ont été refoulés vers le Niger en 2024, un chiffre tragique qui pourrait se répéter en 2025. Les 4 975 migrants à Assamaka en seulement trois semaines d’avril illustrent l’ampleur de la situation, aggravée par l’absence de contrôle individuel des statuts migratoires, en violation des conventions internationales.
Dans cette crise, les autorités nigériennes, dépassées, s’efforcent de gérer l’urgence. L’OIM coordonne le transfert des refoulés vers des centres à Arlit et Agadez, mais les infrastructures saturées peinent à faire face à cet afflux. Un responsable local a déclaré : « La situation est critique, les besoins en eau, nourriture et soins médicaux sont immenses. » La révocation en novembre 2023 d’une loi criminalisant le trafic de migrants a libéré les mouvements migratoires, mais expose encore plus les refoulés à des conditions précaires, loin des routes sécurisées.
Appels à l’action des ONG
Face à ce drame, des organisations telles que MSF et l’OIM intensifient leurs appels à l’action, exhortant Alger à cesser les refoulements collectifs, contraires au principe de non-refoulement, et à adopter une gestion migratoire respectueuse des droits humains.