- Author, Armand Mouko Boudombo
- Role, Journalistes- BBC Afrique
- Twitter,
- Reporting from Dakar
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Le No 1 camerounais est hors du pays depuis plus d’un mois, le gouvernement, le cabinet civil et le RDPC tentent de rassurer face à la montée de l’inquiétude.
L’absence du président camerounais est presque dans toutes les conversations, aussi bien dans les débats télévisés que sur les réseaux sociaux, avec une question en boucle : « Où est Paul Biya ? »
Paul Biya, 91 ans, a quitté le pays le 2 septembre dernier, pour prendre part au Forum de coopération Chine-Afrique (Focac) organisé du 04 au 06 septembre 2024.
C’est depuis ces dates qu’il n’a plus fait d’apparition publique. Annoncé à la 79 ème Assemblée générale des Nations Unies, puis au sommet de la francophonie, le dirigeant camerounais ne s’est pas présenté à ces rendez-vous qu’il manque pourtant difficilement.
Il a également manqué la finale de la Coupe du Cameroun, qui marque la fin de la saison sportive dans le pays, disputée il y a une dizaine de jours.
Cette absence sans justificatif donne lieu à une série de rumeurs, sans jamais donner lieu à une réponse ni du gouvernement, ni du parti au pouvoir.
Mais, ce 8 octobre, un média en ligne émettant à l’étranger a annoncé le départ du président camerounais. Ce qui a donné lieu à des sorties presque simultanées de deux responsables du RDPC, le parti de Paul Biya.
Jacques Fame Ndongo, le secrétaire à la communication et membre du bureau politique du parti, « Il s’agit d’une nouvelle dénuée de tout fondement. Ce stratagème fantasmagorique ne doit pas ébranler la maturité politique, la lucidité et le patriotisme des Camerounais et des amis de notre cher et beau pays ».
Au même moment, réagissait aussi le secrétaire général du parti, Grégoire Owona, qui lui en appelle à la justice. « Ceux qui tentent par divers moyens de tromper l’opinion en annonçant le décès du Chef de l’Etat camerounais doivent payer le prix fort suite à un si grossier mensonge », écrit ce responsable, par ailleurs ministre du travail dans l’actuel gouvernement.
« Puisqu’ils n’ont plus aucune conscience humaine, les institutions appropriées doivent sévir face à ces imposteurs d’où qu’ils viennent et quel que soit le lieu d’où ils émettent. Nous sommes en démocratie, mais la méchanceté et la haine ont une limite ! » Poursuit-il.
Réactions de l’opposition
Avant cette sortie des responsables du parti au pouvoir, l’ancienne députée et actuelle maire de Foumban dans l’ouest du pays a fait une sortie pour exprimer son inquiétude.
Elle fustige le fait que l’opinion publique soit « réduite à subir des spéculations diverses et de diverses sources, dont les réseaux sociaux, qui sont de nature à influencer dangereusement le cours normal de la vie quotidienne des citoyens et des Institutions de la République ».
La présidente nationale de l’Union Démocratique du Cameroun, 5ème force à l’Assemblée nationale, « appelle le Cabinet civil de la Présidence, le Porte-parole du Gouvernement et toute autre Institution compétente le cas échéant, notamment le Conseil constitutionnel, à prendre leurs responsabilités en apportant des informations officielles au peuple, pour mettre ainsi fin à ces spéculations dangereuses qui vont s’aggravant », écrit-elle dans son communiqué.
La veille, c’est l’avocat camerounais basé en France, et candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2025, Christian Ntimbane Bomo, qui a choisi une lettre ouverte pour s’exprimer.
Dans sa missive adressée à Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, M. Ntimbane déclare : « Le peuple est en droit de savoir, si le Président de la république est toujours apte à assumer sa lourde et délicate mission ».
L’avocat camerounais poursuit : « Monsieur le Ministre, faites un simple communiqué… S’il a pris des congés, dites-le. C’ est son droit le plus absolu de prendre des congés annuels comme tout agent public, qu’il est par ailleurs. S’il est souffrant, dites-le aussi, un président de la République peut tomber malade, et a droit aux soins, voire à une évacuation sanitaire à l’étranger, comme bon nombre d’ agents publics ».
L’opposant Cabral Libii, quant à lui estime qu’il n’y a pas vraiment de quoi s’alarmer. Selon lui, « l’absence et le silence » sont justement son style de management. « C’est un président qui fait deux discours par an », brocarde le candidat malheureux à la présidentielle.
« Paul Biya se porte bien »
Dans un communiqué rendu public mardi soir, le ministre de la communication a réagi au nom du gouvernement.
Réné Emmanuel Sadi a déclaré que « le Chef de l’Etat se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours »
Le ministre explique « qu’au lendemain du Sommet Chine- Afrique auquel il a pris une part active, le chef de l’Etat s’est accordé un bref séjour privé en Europe. Pour autant, il demeure, comme de coutume, et où qu’il se trouve, attentif à l’évolution de la vie nationale ».
Invitant les camerounais et les partenaires du pays à ne pas se laisser distraire par « des manoeuvres de désinformation ».
En début de soirée, le cabinet civil de la présidence de la République qui gère les affaires privées du Chef de l’Etat, a égalament réagi dans un communiqué, affirmant vouloir rassurer les camerounais sur « l’exellent état de santé du Chef de l’Etat ».