Pratique des activités sportives : Quand l’absence d’espaces dédiés oblige les jeunes à jouer sur les trottoirs
Des jeunes jouant au Maracana sur une route bitumée à Niamey
Dans de nombreuses rues de la ville de Niamey, un phénomène préoccupant persiste : des jeunes transforment les trottoirs en véritables terrains de football improvisés. Ces matchs, qui sont normalement une source de loisir, créent une situation à haut risque pour les joueurs et les automobilistes. La limite du terrain étant le goudron, il arrive souvent que le ballon roule sur la route, parfois suivi par un joueur. Cette situation pousse les automobilistes à effectuer des arrêts brusques, entraînant souvent des accidents graves.
Aux alentours de 17 heures, dans le quartier Talladjé, plusieurs groupes de jeunes se réunissent quotidiennement du côté sud de la voie express (route de l’aéroport) pour jouer au maracana. Les terrains de foot, empiétant sur le trottoir et équipés de petits poteaux et de filets, ne sont séparés d’aucune barrière du goudron, exposant ainsi les joueurs et les automobilistes à des risques d’accidents.
Les riverains de ces endroits sont témoins de cette pratique à risque. C’est le cas de Mme Amina Ibrahim, vendeuse de galettes à un carrefour du quartier Talladjé. « Il est devenu courant de voir des jeunes jouer au foot sur les trottoirs. Cela met en danger non seulement leur sécurité, mais aussi celle des automobilistes. J’ai déjà été témoin de plusieurs incidents où des voitures ont dû freiner brusquement pour éviter de heurter un ballon ou un joueur », a-t-elle confié.
M. Abdoulaye Ali, un motocycliste, dénonce la menace que constitue cette pratique aussi bien pour les joueurs que pour les automobilistes. « Les matchs de football sur les trottoirs sont une menace pour la sécurité routière. Nous qui conduisons, sommes souvent surpris par des ballons ou des joueurs qui surgissent sur la route, ce qui, éventuellement, provoque des accidents. Les collisions entre joueurs et véhicules peuvent avoir des conséquences graves allant des contusions aux fractures ou, pire, à la mort. Il est crucial de sensibiliser les jeunes sur les dangers et les risques qu’ils encourent lorsqu’ils jouent au foot sur les trottoirs », a-t-il indiqué. « Le sport est un moyen d’épanouissement, certes, mais personnellement, j’encourage les jeunes à utiliser des espaces dédiés au sport pour éviter de tels risques », a ajouté M. Abdoulaye Ali.
Ce genre d’activité est aussi observé dans certains quartiers traversés par les pylônes de lignes haute tension du courant électrique. Malgré les mesures de distanciation prescrites pour les pylônes (3 mètres au minimum), des jeunes jouent souvent aux alentours. C’est le cas sur le boulevard Tanimoune. Bien qu’on n’ait pas de témoignages d’accidents liés au courant électrique, des mesures doivent être prises. «Mieux vaut prévenir que guérir», dit l’adage.
« Cela fait un bout de temps que des jeunes se rassemblent pour jouer au football, sans crainte aucune des dangers auxquels ils sont exposés. Ce qui est de notre pouvoir, ce sont les conseils. S’ils persistent, nous laissons tomber », confie Illiassou Abdou, boutiquier de son état au quartier Lazaret. « À ma connaissance, il n’y a jamais eu de victime, mais il est préférable que les autorités prennent des précautions en amont », a-t-il souhaité.
Les joueurs évoquent le manque de terrains dédiés au sport dans les quartiers
Cependant, les jeunes joueurs ont une vue différente sur la question. Ils estiment qu’ils utilisent les trottoirs parce qu’il n’y a pas assez de terrains de sport disponibles dans la ville.
Aminou Idé, qui joue à Talladjé, fait partie des jeunes qui ont accepté de s’exprimer sur la question. Il précise qu’ils n’ont pas d’autres endroits pour jouer. Il n’y a que les terrains de sport des établissements scolaires qui sont très souvent occupés à cause de leur nombre qui est restreint. Les trottoirs sont, selon lui, la seule option pour s’amuser et pratiquer le football. « Nous savons que c’est dangereux, mais où pouvons-nous aller ? Il n’y a pas de parcs ou de terrains libres proches de chez nous. Même s’il y en a, ils ne seront pas à la portée de quiconque. Ils seront payants. Nous faisons seulement attention quand nous jouons pour éviter les accidents », a ajouté Aminou Idé.
Quant à Souleymane Abdou, un des joueurs au quartier Talladjé, il affirme qu’aucun danger ne menace quelqu’un qui joue sur les trottoirs, à moins que la personne ne soit imprudente. Il a indiqué que cela est observé dans plusieurs pays, avant de souhaiter néanmoins que les autorités aménagent pour les jeunes des terrains de football.
Ces interventions soulignent l’importance de trouver des solutions pour assurer la sécurité de tous. Pour remédier au problème, l’Etat, à travers les collectivités territoriales, a le devoir de créer plus d’espaces sécurisés pour que les jeunes puissent pratiquer leurs activités sportives sans mettre en danger leur vie ou celle des autres.
Bachir Djibo (stagiaire)