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Au Niger, le judo, un art martial japonais, n’attire pas beaucoup de jeunes filles. Pourtant, Rabilatou Maman Ali, une judoka nigérienne née en janvier 2005, s’illustre dans ce domaine. Ceinture marronne, mesurant 1m72 et concourant dans la catégorie des -52 kg, elle s’engage également dans l’armée depuis 2021, mettant son dévouement au service de son pays.
Sa passion pour le judo a débuté en 2013 grâce à son oncle décédé, Me Issoufou Kaka Oni, ancien judoka international. Elle le considère comme une source d’inspiration, celui qui lui a ouvert les portes de ce sport. Dès son arrivée au Samouraï Judo Club de Niamey en 2013, elle a compris que le judo était sa voie. Bien que ses débuts aient été difficiles, elle a acquis les compétences nécessaires et a su prouver sa valeur dans ce sport, progressant rapidement avec détermination.
Rabilatou Maman Ali défend les valeurs fondamentales du judo : respect, courage et persévérance. « Le judo m’a appris à respecter mes adversaires et entraîneurs, à ne jamais abandonner et à chercher constamment à m’améliorer. Ces principes me servent tant sur le tatami que dans ma vie quotidienne », explique-t-elle.
Son parcours est déjà impressionnant. Elle a été élue meilleure judoka junior de l’année 2024 par la Fédération Nigérienne de Judo. Son palmarès inclut une médaille d’argent à l’Open de Niamey en 2022, une médaille de bronze à l’Open d’Abidjan en 2023, une autre médaille de bronze à l’Open de Niamey en 2023, une cinquième place par équipe aux Jeux de la Francophonie à Kinshasa en 2023, une médaille d’or à l’Open d’Abidjan en 2024, une cinquième place au championnat d’Afrique junior au Cameroun en 2024, et une médaille d’argent remportée récemment à l’Open d’Algérie en 2025.
Malgré ses succès, son parcours n’a pas été simple. Elle relève que le judo est souvent perçu comme un sport masculin au Niger, ce qui l’a poussée à travailler deux fois plus pour prouver sa valeur. Le manque d’infrastructures et de soutien constitue également un obstacle pour de nombreux athlètes nigériens. Toutefois, elle demeure déterminée, soutenue par ses entraîneurs, Me Souleymane Bako et Me Moussa Souley. « Ils m’ont montré comment donner le meilleur de moi-même », confie-t-elle.
Avant chaque compétition, Rabilatou Maman Ali se prépare mentalement et physiquement. Son entraînement inclut l’endurance, la musculation et le perfectionnement technique. Pour préparer son mental, elle pratique la visualisation, se répète des affirmations positives et reste concentrée avec de la musique motivante. Elle admire des champions internationaux comme Simone Biles et Abe Uta, considérés comme des modèles de discipline et de réussite. Elle souhaite continuer à briller lors de compétitions internationales pour mettre en avant le judo féminin nigérien, avec l’objectif ultime de participer aux Jeux Olympiques.
Représenter le Niger sur la scène internationale est pour elle une immense fierté. « Porter les couleurs du Niger me donne une force et une énergie supplémentaires. Chaque combat est une occasion de montrer que les femmes ont leur place dans le judo et que le Niger compte de nombreux talents », souligne-t-elle. Rabilatou Maman Ali encourage les jeunes filles à poursuivre leurs rêves sans tenir compte des préjugés, affirmant qu’avec travail et passion, tout est possible.
En dehors du judo, elle apprécie des activités simples comme la lecture, l’écoute de musique et passer du temps en famille. « Je choisis de me concentrer sur l’essentiel, ce qui me permet de me détendre avant les entraînements », conclut-elle.
Assad Hamadou (ONEP)