Pour la deuxième année consécutive, les flux migratoires atteignent « des niveaux record, mais ne sont pas hors de contrôle », selon l’OCDE. Les immigrés qui répondent à un besoin de main d’œuvre, n’ont ainsi jamais été aussi bien insérés sur le marché du travail.
Migrations familiale et humanitaire
La majeure partie de l’augmentation est due à la migration familiale (+16%) qui représente 43% du total des entrées, mais l’immigration humanitaire (+20%) est également en hausse, note l’OCDE. Les migrations de travail sont, elles, restées stables. Toutefois, l’insertion des immigrés sur le marché du travail continue d’atteindre des niveaux jamais vus.
La tendance à la hausse post-pandémique de l’emploi des immigrés s’est poursuivie en 2023, l’OCDE enregistrant « globalement des niveaux d’emploi historiquement élevés » à 71,8%. Le taux d’emploi le plus élevé est en Nouvelle-Zélande (82,3%) tandis qu’il atteint 62,4% en France.
Parallèlement, les niveaux de chômage dans ces populations sont faibles (7,3%). « Ils ne sont aujourd’hui que légèrement plus susceptibles de se retrouver au chômage de longue durée que leurs homologues nés dans le pays », relève l’organisation internationale.
Dix pays, dont le Canada (75,8%), le Royaume-Uni (76,3%) et les États-Unis (73,3%), ainsi que l’ensemble des 27 pays de l’UE, ont enregistré « les taux d’emploi des immigrés les plus élevés jamais enregistrés ».
Besoin de main d’œuvre
« La forte demande de main-d’œuvre dans les pays d’accueil a été l’un des principaux moteurs des migrations au cours des deux dernières années », explique dans son éditorial le directeur de l’emploi et du travail à l’OCDE Stefano Scarpetta. Dans de nombreux pays de l’OCDE confrontés à des pénuries de main-d’œuvre généralisées et à des changements démographiques imminents, l’augmentation du nombre de travailleurs migrants a contribué à une croissance économique soutenue », poursuit-il.
Le poids des immigrés parmi les entrepreneurs a considérablement augmenté dans les pays de l’OCDE au cours des 15 dernières années. En 2022, 17% des travailleurs indépendants étaient en moyenne des migrants, contre 11% en 2006, relève le rapport.
« Un équilibre délicat »
« Le débat public concernant l’incidence des migrations sur le marché du travail tourne généralement autour de la concurrence pour les emplois entre les immigrés et les actifs nés dans le pays. Or, les immigrés ne sont pas seulement des travailleurs concurrents, mais aussi des employeurs », résume le rapport. Conscient que ces « flux importants ont suscité une inquiétude généralisée » et ont notamment impliqué une « forte demande d’infrastructures d’accueil », l’OCDE estime que la gestion des migrations « exige de plus en plus un équilibre délicat ».
« En 2022, il y avait 10 millions d’immigrés chefs d’entreprise dans l’OCDE, rappelle Mathias Colmann, le secrétaire général de l’OCDE. Soit 17% des travailleurs indépendants de la zone. On estime que pour 10 immigrés qui rejoignent la population active, au moins deux emplois supplémentaires sont créés dans l’économie grâce au recrutement d’employés par les entrepreneurs immigrés. » Poutant, outre le durcissement de la législation en matière d’asile, certains pays ont également commencé à imposer des restrictions sur d’autres voies d’immigration légale afin d’alléger la pression sur le marché du logement et sur les services publics.
La question de la main-d’œuvre qualifiée
« Dans le même temps, les pénuries de main-d’œuvre qualifiée et les défis démographiques continuent d’alimenter l’intérêt pour la migration de main-d’œuvre et obligent les pays à trouver un équilibre entre restriction et attraction afin de rester des destinations compétitives pour les travailleurs étrangers et les étudiants internationaux. »
« Améliorer l’accessibilité et la disponibilité des voies de migration professionnelle contribue non seulement à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, mais est également essentiel pour renforcer le contrôle global des flux et gérer les migrations irrégulières », insiste le directeur de l’emploi de l’OCDE.